La fièvre des cours particuliers.

A priori, la raison de la présence des élèves à l’école est qu’ils y acquièrent des connaissances et développent des compétences. Ceci relève d’une démarche individuelle : c’est en étant actif que l’on construit des savoirs, et en s’interrogeant sur les actions qu’on capitalise ces savoirs, pas en attendant passivement que le professeur déverse un contenu quelconque. Le rôle du professeur est de guider les élèves en leur proposant les activités qu’il juge les mieux adaptées.

Dans le cas où, pour quelque raison que ce soit, vous avez recours (ou envisagez de le faire) à un professeur particulier, nous tenons à vous rappeler quelques idées importantes :
1/ L’élève n’est pas une « machine à fabriquer des bonnes notes » : certains concepts mathématiques mettent plus de temps à s’épanouir chez certains et sont immédiatement mobilisables chez d’autres. Nous ne sommes pas tous égaux pour intégrer rapidement des connaissances nouvelles, c’est injuste, mais c’est la vérité.

2/ Certains cours particuliers sont nuisibles. Le pire des cas est celui du professeur particulier qui dès qu’un nouveau chapitre est entamé avec le professeur de la classe (voire même avant), traite tout ce chapitre avec son élève en cours particulier. L’élève va alors en classe en s’estimant en terrain connu ; dans le meilleur des cas, il s’ennuie ; s’il est mal intentionné, il détériore l’atmosphère de travail de la classe. C’est un scénario malheureusement vécu trop souvent.

3/ Les connaissances s’acquièrent par un travail régulier. Quel que soit son niveau, un élève de la classe Y n’a pas besoin de cours particuliers s’il suit les conseils donnés par ses professeurs. Là non plus, tous les élèves ne sont pas égaux et la charge de travail n’est pas forcément la même d’un individu à l’autre. Deux principes diminuent cette charge de travail : planification et régularité. Augmenter le travail personnel par des heures de cours supplémentaires (souvent dans la soirée) n’est pas très heureux pour le rythme de vie de vos enfants qui ont déjà un emploi du temps chargé.

4/ Cependant, il est tout à fait possible qu’un élève ait besoin d’un soutien ponctuel pour l’aider à progresser. Force est de constater que par le jeu des orientations, des élèves peu doués en maths se retrouvent en terminale S avec d’importantes lacunes. C’est dans cette perspective de traitement des lacunes accumulées que se conçoit sereinement l’intervention d’un prof particulier. Pas un « répétiteur », mais en quelque sorte un « docteur » qui pourra de façon personnalisée diagnostiquer et traiter les problèmes liés à une mauvaise maîtrise des techniques, à des « blocages » sur certains thèmes, à des lacunes parfois installées de longue date. En ce qui concerne l’acquisition des nouvelles notions, le travail en petit groupe avec d’autres élèves de la classe semble bien plus profitable.

5/ Certains élèves veulent aller plus loin. C’est très bien ! Des profs particuliers peuvent concourir à assouvir leur appétit pour des exercices supplémentaires ou des approfondissements, mais bien d’autres pistes sont envisageables : le professeur, qui connait bien ses élèves, peut leur proposer des exercices optionnels plus techniques ou plus riches débordant éventuellement du cadre des programmes lorsque cela est souhaitable, indiquer des ressources sur Internet, suggérer des exercices d’annales et les sujets de certains concours…

Pour conclure sur ce thème, voici quelques anecdotes vécues au lycée :
– Un élève : « Excusez-moi monsieur mais je n’ai pas fait mes exercices pour aujourd’hui car j’ai bossé jusqu’à 23h avec mon prof particulier pour préparer le contrôle de lundi »
– Une maman : « Mais mon enfant a baissé de 3 points au dernier devoir, si je ne lui paye pas des cours particuliers, il va croire que je ne m’occupe pas de lui. Son camarade de classe en a un, de prof-à-la-maison, c’est normal que mon fils en veuille un aussi ». Fait aggravant : le camarade de classe en question s’en était sorti avec un cinq sur 20 au même dernier contrôle : pas la faute du prof particulier, mais de la faible énergie consacrée par l’élève à ses études.
– Un élève croisant les bras et commençant à siffloter en classe : « J’ai déjà fait tous les exercices du chapitre avec mon répétiteur, alors j’me repose, il est où le problème ? ».

Nous pensons que le recours intensif et irrationnel aux cours particuliers DOIT CESSER d’être la norme.

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